Tranchée

La tranchée de Baulay

UN PEU D’HISTOIRE / EXECUTION DU PLAN VERT

BAULAY : une tranchée de 800 m avec des parois verticales et maçonnées hautes de 8 m sur la ligne la plus importante : Paris-Belfort entre Port d’Atelier et Jussey, sur le tronçon commun, Paris-Berlfort-Nancy-Dijon, la tranchée de Baulay coupe en deux le village.

Dans la nuit du 28 au 29 juillet, Simoun, du bataillon BARRA et 2 hommes déboulonnent les rails sur 6 m de long, déviées de 20 cm et soigneusement calées.
Le lendemain matin, il y aura un train couché dans la tranchée qui restera fermée jusqu’à la libération. Un train couché dans la tranchée de Baulay, ça fait désordre et c’est un gros morceau à déblayer.

Mais l’équipe du Maquis Simoun ne s’arrête pas là. Il se rendit à Monthureux-les-Baulay, pour y chercher du ravitaillement. Apercevant une locomotive et 3 wagons manœuvrant dans la gare locale, ils font descendre les ouvriers, le chef de train, le mécanicien et le chauffeur. Simoun monte dans la loco, tire à fond le régulateur et saute sur la voie, et le train se lance à toute vitesse dans la Tranchée de Baulay, s’écrasant sur les débris du précédent train, obstruant ainsi plus complètement cette tranchée.

Le 1er Août, Simoun apprenant que les travaux de déblaiement continuent, se porte à Monthureux avec 5 hommes où un train de voyageurs arrive de Jussey. Ils font descendre les voyageurs à Monthureux pour gagner Port d’Atelier à pied et capturent en même temps 4 boches qui voyageaient dans le fourgon de tête. La manœuvre du 30 juillet va recommencer, Le train va à son tour dans la tranchée de Baulay, où la hauteur des décombres atteint maintenant la hauteur du sol.

Les 4 prisonniers devront être relâchés le soir même devant les menaces allemandes de brûler Baulay. Mais ici se place un incident comique : avant de rendre leurs prisonniers, les maquisards leur font boire une grande quantité d’eau de vie du pays, si bien que les bons boches sont parfaitement ivres morts quand ils rentrent le soir à Baulay, criant à tue-tête :
« Vive la Résistance !»

Le 7 août, Simoun tente un nouveau coup. Cette fois-ci, c’est un train de moteurs d’avions Junker qui est lancé de Port d’Atelier, puis immédiatement derrière lui la grue de Nancy de 36 tonnes amenée pour participer à la remise de la ligne. Et l’inspecteur en chef de l’arrondissement de Vesoul pourra dire en se frottant les mains : «maintenant il faut attendre le matériel américain pour reprendre les travaux. Il n’y a plus rien en France pour sortir cette ferraille de son trou.»

De fait, jusqu’à l’arrivée des troupes alliés le 12 septembre, aucun train ne passera plus !
Telle est l’histoire de la coupure de la Tranchée de Baulay qui représente un des sabotages les plus réussis du PLAN VERT ; Il s’agit en somme d’une belle bataille gagnée à peu de frais : entreprise avec des moyens extrêmement limités, elle a eu des conséquences incalculables. Mieux, elle ne se traduit par aucune perte de vie humaine.

Pour un chef de guerre c’est le plus beau des titres de gloire.

Lieutenant Colonet Boigey

Baulay n’a pas oublié ces actes Héroïques et ne les oubliera pas !